001

 

La chanson du prolétaire  (1911)



Travaille, travaille sans cesse
Pour gagner le morceau de pain
Qui te soutient dans la détresse
C’est là le sort du meurt-de-faim


Soit au chantier, soit à l'usine
Produis toujours, produis encor
Que tes bras servent de machine,
Machine à fabriquer de l'or.


Tu bouges, tu trouves qu’on triche
Tu fais parfois trop de potin
Prends garde, ton patron est riche,
Les Lebels défendrons son bien.


Tu pleures, ta plus belle fille
De chute en chute est au ruisseau
Son séducteur, fils de famille,
Recherche ailleurs plaisir nouveau


Tu es en deuil ta femme est morte
Ces quatre planches de sapin
Feront l’affaire et puis, qu'importe
Sois au travail demain matin


Pourquoi trembles-tu de la sorte ?
Hélas ! c’est vrai, te voilà vieux...
L'hôpital t’ouvrira sa porte
Et là se fermeront tes yeux...



par le chansonnier Eugène Gervais, sous le speudo de Jehan La Guigne
publié le 8 janvier 1911 dans le journal socialiste dunkerquois " La défense sociale "
( extrait d'internet, les chansons d'Eugene GERVAIS ( 1879 - 1939 ) et d'Hippolyte BERTRAND (1830-1902) par Christian Declerck )