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La ducasse de Dunkerque  (1907)


sous l'air de la Matchiche (entendre cet air ICI )


Lève-toi ma poulette, ma mignonnette;
Le soleil fait des risettes dans tes frisettes.
Viens vit’ que je t'embrasse, c'est la ducasse !
J'suis bien décidé, j'ai l'coeur en gaieté, tu verras mon bébé !
Sur les kermesstours, je te paierai cinq ou six tours


refrain
Faut qu'çà plie ou qu'çà casse, c'est la ducasse !
Mets ta rob' des dimanches à dentell's blanches.
Je paie le kouckebotroome, j'suis ton p'tit homme.
Viens vit' que je t'embrasse, viv' la ducasse !
Chantons gaiement ! Poussons nous d'l'agrément,
Les dunkerquois sont joyeux et grivois.



Et ce soir, à la Halle, danse infernale !
La poissarde gentille pinc'ra l'quadrille
On ne sera pas chiche de la Mattchiche
L’orchestre va ronfler, nous allons suer.
Tu pourras t'trémousser en marquant le pas
Sur mon épaule, tu roucoul'ras


refrain
" Avec toi, y a pas d'gêne, mon p’tit Eugène
Depuis la Mi-Caréme, oui, toi seul, j’aime
Leul' pas donn' vit' un zotje, mon petit cotje
Y faut qu'mon béguin passe, viv' la ducasse l
Là, gentiment, ne brusque pas l'mouv’ment
Tout en douceur, tu prends l’chemin d'mon coeur."



Tu vois donc, mon aimée, mon adorée
Que dans la vie tout passe, même la ducasse
Tandis qu’nos vingt ans chantent et nous enchantent
Ma mi, aimons-nous loin des yeux jaloux de baisers grisons-nous.
Comm’ dans les chansons, un d’ces jours nous nous marierons.


On enlève la bell' comme une gazelle,
Elle soupir' pâmée, toute charmée
Peut-être sa dentelle se chiffonn'-t-elle.
Mais on a vingt ans et c'est le printemps qu'import' les accidents.
Puis, y a pas d'pétard, y a d'jà pas trop d'enfants d' Jean Bart !


Faut qu’çà plie ou qu' çà casse, c'est la ducasse !
Mets ta rob' des dimanches à dentell's blanches.
Je paie le kouckebotroome, j'suis ton p'tit homme.
Viens vit' que je t’embrasse, viv' la ducasse !
J'pens' vois-tu, t'en pinc's pou’ le chahut
Ce soir Bono : j't'emmène au calypso !


On est jeun' ma bichette, t'es gentillette
Profitons d'la jeunesse et d’son ivresse.
Plus tard quand les années viendrons chargées de rid's et d'frimas,
Tu trembloteras, radotant tu diras :
" Écoutez, mes enfants ce que va dir' votr' grand-maman


refrain
Mon Dieu que le temps passe, c’est la ducasse
J'mettais ma robe blanche et gaieté franche,
Je dansais à la Halle valse infernale
Mon Dieu que le tempe passe ! Viv' la ducasse I
Mes chers enfants souriez au printemps,
Amusez-vous, c'est votre fête à tous



Faut qu’çà plie ou qu’çà casse, c'est la ducasse I
Mets ta rob' des dimanches à dentell's blanches.
Je paie le kouckebotroome, j'suis ton p’tit homme.
Viens vit' que je t’embrasse, viv' la ducasse !
Au parc, chouette ! Superbe Cantago
Sous les giornos se dans'ront des tangos.




publié le 29 février 1907 dans " nord maritime ".
( extrait d'internet, les chansons d'Eugene GERVAIS ( 1879 - 1939 ) et d'Hippolyte BERTRAND (1830-1902) par Christian Declerck )